Comment allez vous vraiment ?
La potentielle fin de pandémie s’annonce progressivement et pourtant, je constate que pour une partie de mon entourage ( et je vais m’y inclure), le moral est loin d’être éclatant.
Même si la fin de la pandémie s’annonce il est difficile d’en projeter encore les effets positifs, car on a bien évidemment bien peur de nouvelles désillusions. Comment entretenir le rêve devant tant d’incertitude ? Une incertitude dont il a fallu cohabiter avec un calme plus ou moins olympien, et qui est pour certains sans doute traumatique. Comment s’autorise t-on à se réjouir durablement aujourd’hui, alors que l’on s’est habitué à se contenter d’un empilement de petites joies éphémères mais absolument indispensables ? Certains ont bien sûr réussi leur projet, à les faire fructifier, d’autres attendent des moments plus opportuns.
Il a fallu survivre bien plus longtemps que l’on ne l’a imaginé. Et aujourd’hui on commence à entrevoir la possibilité de vivre pleinement sa vie "d'avant".
Il a fallu s’accommoder d’un nouvel espace de vie -physique et mental- mais aujourd’hui on ne se sent pas forcément plus libre qu’avant. Il va bien falloir apprendre à retrouver sa place.
Aujourd’hui, j’entends plus de gens vouloir consulter psychologues et autres praticiens. Il y a quand même un épuisement mental, un capital d’énergie qui s’est tout juste liquéfié.
Et c’est tout a fait normal.
Et j’aimerais être là pour écouter vos histoires. Les belles et les moins belles. Vous dire que nous n’êtes pas seuls, que vous n’êtes pas à terre, que c’est passager, et que vous avez prouvé ces dernières années les ressources que vous déteniez. On n’est pas toujours fort. Epuisé on lève la garde et parfois on laisse le doute s’engouffrer.
Moi-même je me suis bien moins confiée à mes amis depuis la pandémie. J’ai voulu les ménager. Sauf que… on a tous fait pareil. On s’est tous ménagé les uns les autres pour ne pas faire porter le poids de nos soucis aux autres, on se sentait illégitime de le faire. A tort. Ecouter les autres c’est aussi s’échapper de ses propres problèmes, c’est éprouver de l’empathie, c’est apporter une écoute et donc se sentir un peu plus utile. C’est comprendre qu’il existe toujours un lien, le seul qui compte, le seul qui nous emmène plus loin. On n’a pas a s’excuser de ne pas aller bien, et de ressentir ce que l’on ressent.
Aujourd’hui, j’ai arrêté totalement les anti-dépresseurs depuis 1 mois et demi (qui m’aidaient pour mon trouble anxieux) et aujourd’hui ça ne va pas comme je l’espérais. Même si j’ai fait tout comme il faut. J’ai des moments d’anxiété intense et de rumination, de déprime qui reviennent. Et c’est vraiment difficile à accepter, même si ma thérapeute m’avait prévenu de cette possibilité. C’est difficile de ne pas se déprécier davantage dans cette situation. C’est difficile de ne pas être tenté de penser à l’échec, de remettre en cause tous les efforts incroyables que l’on a fait jusque là. C’est difficile de ressentir toutes ces émotions et comprendre que cela ne veut rien dire sur soi-même. C’est là, c’est tout. Et ça passera. Ce ne sera sans doute pas simple, mais ça passera.
Alors je vous le demande, si vous en sentez le besoin, l’envie, écrivez-moi pour me dire comment vous allez.Vraiment.